EXCLU – ITW : sa carrière de joueuse, sa reconversion, ses projets pour le Bénin…Amélie Goudjo se livre à cœur ouvert
Ancienne capitaine de l’équipe de France et actuellement consultante, Amélie Goudjo s’est confiée à notre rédaction dans une interview à bâtons rompus sur plusieurs sujets. Spécialiste en handball féminin, l’ancien pivot de Toulon Var Handball, Fleury Loiret Handball, Issy Paris Hand, Bera Bera (Espagne), Krim (Slovénie) possède une double expertise liée à la performance. L’une, directement issue de sa carrière de sportive de haut niveau, et l‘autre liée à sa reconversion, depuis 2012, elle dissèque et décrypte les actions et dynamiques d’équipe lors de commentaires de matchs télévisés à l’occasion de compétitions nationales et internationales.
Qui est Amélie Goudjo ?
« J’ai plusieurs casquettes professionnelles. Je suis consultante sportive, commentatrice de matchs de handball pour plusieurs chaines de télévisions françaises. De plus, je suis conférencière et préparatrice mentale. J’étais handballeuse professionnelle en France et à l’étranger avant ma reconversion professionnelle. »
En terme de palmarès, Amélie Goudjo est : vice – championne de France 2012 et 2014 (Issy Paris Hand), vice – championne d’Europe 2013 et 2014 (Issy Paris Hand). Elle a remporté la coupe de la ligue en 2013 (Issy Paris Hand,) et la coupe d’Espagne 2009 (Bera Bera). Avec l’équipe de France, elle est vice championne du monde 2009 et 2011 et vainqueur des jeux méditerranéens en 2009.
Pourquoi avoir choisi le handball comme sport ?
« D’abord parce que c’est un sport collectif, ultra complet qui allie l’adresse et la combattivité. C’est un sport formidable à pratiquer et à suivre en tant que spectateur. On ne s’ennuie pas, ça va vite, il y a l’attaque, la défense et pleins de postes différents où chacun peut trouver une manière de s’exprimer et mettre en exergue ses qualités. Je me suis bien épanouie au poste de pivot à l’époque ».
Durant votre carrière de joueuse, quel a été votre meilleur moment ?
« Mon meilleur moment je pense que c’est l’année 2009. J’ai connu des succès et des émotions. J’évoluais en Espagne et j ‘ai adoré m’adapter à une autre culture. Cette année-là on avait gagné la Coupe d’Espagne, qui a une bonne côte là-bas. Et puis nous avons créé la surprise avec un groupe très jeune en équipe de France. Nous avons terminé vice-championnes du monde et vainqueur des jeux méditerranéens avec un groupe hyper soudé. Il y avait une force et une cohésion d’équipe assez incroyable ! »
Durant votre carrière de joueuse, quel a été votre pire moment ?
« En 2012, lorsque j’ai appris que je ne participerai pas aux JO au dernier moment. J’avais 32 ans c’était un rêve de gosse qui s’envolait en quelques secondes. Il y avait un effet d’annonce inattendu qui a accentué cet échec, c ‘était tout un contexte car j’étais capitaine de l’équipe à ce moment-là ».
Qu’est ce qui faisait votre force en tant que joueuse ?
« J’étais battante et puissante, donc forcément la défense était un secteur d’expression fort pour moi. J ‘adorais les duels, stopper les joueuses habiles sur le 1 contre 1. En attaque j’étais une spécialiste des CHABALA et des tirs désaxés. Je faisais de bons blocs pour mes partenaires. »
Racontez -nous comment s’est passée ta reconversion ?
« C’était une période particulière de transition pas évidente, la fameuse « petite mort » du sportif qui arrête une passion. A la base, je voulais travailler dans le secteur social car j’avais fait des études dans ce sens-là, créer une association lorsque j’étais encore en carrière. J’ai eu une autre expérience associative dans le domaine de l’éducation par le sport à mi-temps conjointement à mon activité de consultante. Et puis la bascule s’est faite naturellement vers ce deuxième métier. Et maintenant, je suis entrepreneuse indépendante. C’est formidable de ressentir cette liberté d’organisation au quotidien, d’avoir des collaborations diverses. Comme je déteste la routine et que j’aime bouger c’est très épanouissant. »
Consultante aujourd’hui, racontez-nous comment vous vous sentez dans ce nouveau métier
« J’ai beaucoup de plaisir à commenter depuis plus d’une dizaine d’années et j’ai toujours la sensation d’évoluer. J’avoue que cette saison la perspective des JO de Paris m’anime tout particulièrement, à Lille notamment. Si nos équipes de France performent ça va être exceptionnel de vivre ça. Je ressens très peu de contraintes dans ce métier à part la fatigue engendrée par les déplacements. Pour le reste, je m’adapte aux aléas et j’accepte de me mettre parfois en difficulté en sortant de ma zone de confort, en acceptant de nouveaux challenges. »
Parlez -nous brièvement de votre complicité avec Jocelyn Veluire
« C’est mon acolyte, mon âme sœur professionnelle. Dès les premiers commentaires, on a réussi tout de suite à trouver de la fluidité, du rythme et une bonne complémentarité. Au-delà de notre passion commune pour le hand, on partage les mêmes valeurs humaines : esprit d’équipe, altruisme. Ça aide forcément, ça facilite la collaboration, la communication et permet de trouver une unité et du plaisir dans le travail. »
Quelle impression gardez vous de ce stage de formation animé à Cotonou avec Jocelyn Veluire ?
« Cette formation était une sacrée aventure humaine. Parfois j’ai des flashs qui me reviennent et je les revis avec bonheur. Aucune fausse note, tout était parfait : l’organisation, l’investissement des participants, le scénario des matchs que l’on a commentés avec la double prolongation, l’accueil à l’hôtel Nobila. Et puis ce que je retiens c’est la chaleur humaine, la sympathie et l’hospitalité des membres de la fédération et des participants. Je n’oublierai jamais »
Ambassadrice du handball béninois, quels sont les projets et ambitions que vous nourrissez pour le Bénin ?
« J’étais super fière en tant que métisse béninoise de recevoir cette distinction, de créer du lien avec la fédération et le hand béninois. C’était une manière de concrétiser un engagement mutuel. Sidikou Karimou est un président dynamique, un homme d’action qui fait preuve de créativité et d’ambition. Les lignes bougent en ce moment à la fédération. Nous gardons le contact, je me tiens prête pour apporter ma contribution à de nouveaux projets ou pérenniser ce que nous avons initié en novembre 2023 avec la formation des journalistes et consultants sportifs. »
Quelles sont vos relations avec les béninois d’origine qui font partie du milieu du handball en France ?
« J’ai rencontré très peu de handballeurs ou handballeuses d’origine béninoise en France. Trois seulement pendant ma carrière. On est régulièrement en contact avec Rock Feliho, de par nos activités respectives en lien direct avec le hand, et nous sommes tous les deux très attachés au Benin. Alors on s’encourage, on suit avec plaisir les projets de chacun. Anne Sophie Kpozé est une ancienne coéquipière et toujours une amie très proche. Nous continuons à aller voir des matchs ensemble à Issy au Paris 92, là où nous avons joué ensemble. C’est aussi l’occasion d’amener nos enfants. Ça nous fait beaucoup sourire de les voir à la fin des matchs s’amuser 4 sur le terrain que l’on a foulé par le passé. »
A lire dans le CHABALA N°12 (Pages 66-70)